Bulletin de politique culturelle |
Février 2023 – Département de la culture et de la transition numérique |
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A conserver par qui?
Faut-il restituer aux peuples ou aux communautés dont ils sont issus des œuvres d’art, des objets sacrés, des biens funéraires ou encore des restes humains acquis sans accord et conservés hors de leur territoire d’origine? A cette question, que l’on se pose avec acuité depuis quelques années, la réponse est clairement oui. Oui, mais dans un cadre bien défini.
Le 7 février, la Ville de Genève, par l’intermédiaire de son Musée d’ethnographie (MEG), a restitué à leur nation d’origine, la Confédération Haudenosaunee, deux objets acquis sans consentement il y a près de 200 ans. Cette décision soutenue par le MEG s’inscrit dans la démarche de décolonisation des collections de l’institution, démarche formalisée dans son Plan stratégique 2020-2024. Le 13 février, le masque et le hochet étaient de retour sans encombre de l’autre côté de l’Atlantique, au Canada (pays qui s’est doté d’une législation moderne en matière de retour d’objets à leurs communautés d’origine). Cette restitution s’inscrit aussi dans le cadre d’un véritable partenariat entre le MEG et les Nations Haudenosaunee (Nations amérindiennes, appelées anciennement Iroquois par les colons européens).
Si la Ville a procédé à la restitution de ces deux objets, c’est parce qu’il a pu être établi sans aucun doute que les Haudenosaunee en sont les propriétaires traditionnels; parce qu’ils ont une valeur culturelle qui les rend impropres à l’exposition et qui assure le bien-être des Haudenosaunee. En effet, pour chaque cas soumis, pour chaque demande reçue, les institutions – ou, selon les cas, l’Office fédéral de la culture (OFC) et d’autres organismes scientifiques spécialisés – effectuent des démarches pour valider sa légitimé et s’assurer que la transaction s’effectuera dans le respect de la législation et des normes déontologiques en vigueur.
Pour cela, les institutions de la Ville de Genève peuvent se tourner vers l’OFC, garant de l’application de la Loi sur le transfert des biens culturels (LTBC). Elles peuvent également recourir aux compétences de la Commission de déontologie des musées et des institutions patrimoniales de la Ville de Genève et celles du Centre universitaire du droit de l’art de l’Université de Genève. Enfin, il leur est bien évidemment possible de dialoguer avec d’autres institutions patrimoniales concernées par le sujet.
Cette question, «faut-il rendre… ou non», est en effet complexe. Elle nous renvoie à des pillages, à des actions peu glorieuses sur lesquelles nous avons pourtant construit notre patrimoine commun et écrit, ou réécrit parfois, l’Histoire. Aujourd’hui, cinq ans après le tollé suscité par le discours d’Emmanuel Macron à l’Université de Ouagadougou au cours duquel il a promis des restitutions en grand nombre, les positions ont bien évolué. Au point que des privé-e-s se manifestent avec des objets hérités qu’ils souhaitent restituer. Pour preuve, fin février, le professeur et avocat Marc-André Renold, directeur du Centre universitaire du droit de l'art de l'UNIGE, annonçait avoir déjà reçu quatre demandes.
Les réflexions sur le colonialisme et la décolonisation, sur les hommages rendus dans l’espace public à des personnalités ayant contribué ou soutenu activement le fait colonial, et, bien sûr, sur la présence dans les collections publiques et privées d’objets subtilisés à leurs premiers propriétaires sont nombreuses et passionnantes. Le chemin qu’elles nous font emprunter est sinueux, c’est vrai, mais il devrait nous mener à une société plus respectueuse d’elle-même et des autres.
Sami Kanaan
Conseiller administratif
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Dossier |
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Le Muséum d'histoire naturelle entame sa mue |
Lundi 6 février 2023, au pied du Muséum d’histoire naturelle, les travaux préparatoires pour la construction de son extension dédiée à la conservation de ses collections, ont débuté. L’édification de ces espaces supplémentaires sera l’occasion de réorganiser ceux existants, de revoir les aménagements extérieurs et d’améliorer la performance énergétique de l’ensemble du site. Les travaux sont programmés de 2023 à 2027 et impliqueront une fermeture de l’institution au public durant toute l’année 2024. Une programmation culturelle et scientifique sera toutefois maintenue avec des activités prévues hors les murs et des rendez-vous en ligne. Des actualités sur la recherche en cours et des contenus de médiation scientifique continueront d’être proposées aux publics via les canaux numériques du Muséum.
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Tel est le montant de la nouvelle ligne budgétaire votée par le Conseil municipal en décembre dernier pour le soutien à la création numérique. Une ligne budgétaire qui s’inscrit dans la poursuite de divers soutiens ponctuels accordés depuis plusieurs années par la Ville de Genève. Elle permettra de renforcer spécifiquement l’appui à cette nouvelle forme de création, en soutenant le démarrage des projets et en encourageant l'expérimentation. Et de clarifier la prise en charge d’un domaine qui n’existait, jusqu’ici, pas pour lui-même dans le dispositif de soutien culturel de la Ville. Prises sur ce montant alloué, des bourses de recherche et développement d’un projet de création numérique, d’un montant allant de 10'000 à 25'000 francs au maximum, seront attribuées.
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La Feuille de route |
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Développer la participation culturelle |
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Des moments d'échanges à l'Ariana
Dimanche 5 février, le Musée Ariana a organisé deux moments d’échanges dans le cadre de son exposition Migration(s). Le premier, Trust-Troc, était proposé par Magdalena Gerber. Celle-ci a invité le public à un échange en toute confiance: contre une de ses pièces, un bâton en grès noir, la personne s'engageait à verser la somme inscrite sur la pièce à une organisation
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caritative. Le deuxième, Museum-Wheel, proposait une autre forme d’interaction: pendant qu'un-e visiteur-euse faisait fonctionner le tour à poterie, l'artiste Léandre Burkhard façonnait son bol. A travers cette création en duo, un moment d’échange et de partage unique émergeait.
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Soutenir la création culturelle dans sa diversité |
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Le FMAC à artgenève 2023
Du 26 au 29 janvier 2023, une centaine d’exposants se sont retrouvés à Palexpo pour la 11e édition d’artgenève. Le Fonds municipal d’art contemporain (FMAC) y était pour présenter les dernières acquisitions à intégrer la collection d'art contemporain de la Ville de Genève. Quelque 3000 personnes sont venues découvrir ces œuvres. Cette année, les vidéos ont été mises en valeur dans un espace médiathèque très apprécié et la collection d'art public a bénéficié d’une nouvelle présentation grâce à cette carte murale montrant la densité d'œuvres présentes sur le territoire genevois.
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Résidence pour une performance sonore
Fin 2022, le musicien Gautier Teuscher a pris ses quartiers durant quelques semaines au Musée d'art et d'histoire (MAH) pour une résidence d'artiste. Jeudi 23 février, il a présenté OPTICAL ILLUSION, le fruit de son expérience, et a investi par le son et la lumière un espace inattendu du musée. Cette nouvelle expérience, concrétisée par la proposition d’un voyage audiovisuel étonnant, démontre la pertinence, pour des institutions patrimoniales, d’accueillir des artistes, pour un temps, dans leurs murs.
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Mobiliser la culture pour répondre aux défis climatiques et sociétaux, inviter au débat |
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Antigel de gare en gare
Les milieux culturels empoignent la problématique de la sauvegarde de notre climat et de notre environnement. Avec ses rendez-vous artistiques, sportifs et sociaux, le Festival Antigel investit depuis toujours des lieux emblématiques ou insolites disséminés dans toute la région. Cette année, il a également attiré notre attention, avec brio et dans un esprit de fête, sur la nécessité de repenser nos déplacements. Le 3 février, Antigel a organisé son coup d’envoi à la Gare des Eaux-Vives puis fait vivre, jusqu’au 25 février, ses 2 lieux festifs, l’un près de Gare des Eaux-Vives, l’autre à côté de celle de Pont-Rouge. Et le public, une nouvelle fois, a suivi!
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Plastic Léman et voir le Léman autrement
Au-delà des déchets abandonnés et bien visibles, des tonnes de microplastiques s’accumulent depuis des décennies dans le lac Léman. Comment expliquer cette pollution? D’où provient-elle et en quelle quantité? Quels sont les dangers? Existe-t-il des solutions? Autant de questions abordées dans l’exposition Plastic Léman, qui mêle explications scientifiques, infographies et compositions du photographe Nicolas Lieber. Quand on sait que l’on estime à près de 55 tonnes le plastique qui entre chaque année dans le lac Léman alors que seulement 10 tonnes en sont extraites! Avec cette exposition présentée en collaboration avec le Musée du Léman de Nyon, le Muséum attire l’attention sur une problématique cruciale pour notre région. A voir jusqu’au 21 avril
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L'engagement durable du MEG récompensé par le label THQSE niveau OR
Le MEG a reçu le label international THQSE (Très Haute Qualité Sociétale-Sociale-Sanitaire et Environnementale) au niveau OR. Il est le premier musée labellisé THQSE en Europe, et la première organisation en Suisse! Ce label vient certifier les actions autant sociales, sociétales, économiques qu’environnementales que le MEG a mises en place depuis plusieurs années au fil de réflexions sur la manière de conduire les projets et même de les envisager.
Le Muséum et les zones humides
Comme chaque année, le Muséum se joint au Département cantonal du territoire pour mettre l’accent sur la Journée mondiale des zones humides. Dimanche 5 février, de nombreuses activités, gratuites, ont été proposées pour permettre la découverte des espèces emblématiques du lac, entre oiseaux rares et aigle géant.
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Inscrire la Ville dans une transition numérique responsable, créative et inclusive |
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Objets et outils de l'informatique musicale: la parole aux expert-e-s!
La Bibliothèque de Genève (BGE) et la Chaire des Humanités numériques (UNIGE) ont co-organisé le séminaire «Humanités numériques pour la recherche, fondamentaux» le samedi 7 février à la BGE dans le but de rassembler des spécialistes du numérique et de l'information. Après une première rencontre en décembre dernier autour des images, la deuxième a été consacrée à la musique. Pour tendre vers un recours et une découverte du numérique de manière sobre et responsable.
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Les jeux vidéo mis en exergue à la Bibliothèque de la Cité
Pendant la semaine des vacances de février, l’Espace Le 4ème de la Bibliothèque de la Cité a accueilli un programme spécial lié au numérique. Le 21 février, c’est «Viens avec papy ou mamie si tu veux jouer!» qui a permis aux jeunes accompagnés d’un-e aïeul-e de découvrir des jeux vidéo. Le lendemain, le Fablab Onl'Fait a proposé de se lancer dans la fabrication d’une borne d’arcade. Le jeudi, c’est en soirée qu’il était possible de découvrir l’univers foisonnant des jeux vidéo à travers «A fond les manettes!». Enfin, le samedi, c’est sous forme de test des jeux vidéo que s’organisait la proposition de découverte.
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Les dernières décisions |
Le Conseil municipal |
Crédit d'étude pour la rénovation de la BGE
Le 7 février 2023, le Conseil municipal a accepté la proposition du Conseil administratif d'ouverture d'un crédit d’étude de 10'987'300 francs pour la rénovation et l'extension du bâtiment de la Bibliothèque de Genève (BGE) (PR-1518).
Crédit d’études pour le bâtiment du MAH
Le 17 janvier, le Conseil municipal a accepté de renvoyer en commissions le projet de crédit d'études s'élevant à 19,9 millions pour la rénovation et l'extension du Musée d'art et d'histoire (PR-1551). Ainsi en a décidé une majorité du plénum composée de l'alliance des socialistes, du Centre, du PLR et d'une partie d'Ensemble à gauche (42 oui, 28 non et une abstention).
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