Bulletin de politique culturelle |
Février 2024 – Département de la culture et de la transition numérique |
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Patrimoine en danger
Début février, la Ville de Genève a été informée de la destruction délibérée par les Forces de défense israéliennes (IDF) du musée du collectionneur palestinien Jawdad Khoudary à Gaza, au mépris de la Convention de l’UNESCO de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, et de la résolution 2347 adoptée par le Conseil de sécurité en 2017 qui condamne la destruction illégale du patrimoine culturel.
Quand un conflit armé éclate, souvent, les forces belligérantes s’en prennent au patrimoine culturel, soit en le détruisant sciemment, soit en le pillant pour le disperser au plus offrant. Aujourd’hui, par exemple, il ne reste plus grand-chose des sites archéologiques syriens, les statues de Bamyan en Afghanistan ont été dynamitées, 14 des 16 mausolées de Tombouctou au Mali ont été rasés et le musée de Gaza a été détruit. Ces quelques exemples nous disent à quel point la question de la culture est sensible. S’y attaquer, c’est détruire une part de l’humanité de chacun et chacune. Détruire le patrimoine, et donc la culture, c’est faire disparaître des coutumes et traditions, des arts, des croyances, des savoir-faire également ; c’est s’attaquer directement à ce qui relie les gens entre eux et leur permet de former un peuple. C’est pour cette raison que de tels actes peuvent être qualifiés de crime contre l’humanité.
A travers cette attaque délibérée contre le patrimoine de cette région, force est de constater que les Forces armées israéliennes semblent vouloir effacer sciemment les traces d’une présence antérieure sur ces terres, d’une histoire collective, et donc la légitimité des personnes concernées d’y vivre de plein droit.
Cet événement interpelle tout particulièrement le Conseil administratif car la Ville de Genève conserve depuis bientôt 17 ans plusieurs centaines d’objets archéologiques présentés au Musée d’art et d’histoire dans le cadre de l’exposition Gaza à la croisée des civilisations en 2007. A la demande de M. Khoudary et de l’Autorité palestinienne, propriétaires de ces objets, et avec le soutien de la Confédération, la Ville de Genève s’est engagée depuis à veiller sur ces collections tant que les conditions d’un retour sûr et sans dommage à Gaza et en Cisjordanie ne seraient pas réunies. Le Conseil administratif a officiellement interpellé les autorités fédérales et la représentation diplomatique israélienne en Suisse au sujet de cette affaire, demandant des explications et des sanctions envers les personnes directement responsables.
Aujourd’hui, Genève est donc responsable de la conservation d’un pan important du patrimoine palestinien. Dans ce contexte et à l’occasion des 70 ans de la convention de l’UNESCO pour la protection des biens culturels, Genève, ville refuge, entend bien clamer haut et fort la nécessité impérieuse de préserver, de sauvegarder le patrimoine culturel.
Bien évidemment, la défense et la protection des civils sont la priorité absolue. Mais pour se reconstruire, pour pouvoir simplement continuer à vivre après de tels drames, chacun et chacun a besoin de connaître et de se rattacher à ses racines. Car la culture, comme l’a si bien dit André Malraux, «c’est ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers».
Sami Kanaan
Conseiller administratif
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Dossier |
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Carré vert, le dépôt des biens culturels
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A l’été 2017, la Ville de Genève prend possession de son nouveau dépôt patrimonial situé à la Jonction, Carré vert. Ce site est destiné à conserver à long terme, dans des conditions adéquates de sécurité et de gestion du climat, les collections patrimoniales du Musée d'art et d'histoire, du Musée d'ethnographie, de la Bibliothèque de Genève (BGE), du Musée Ariana et du Fonds municipal d'art contemporain.
Immédiatement, la Ville de Genève a constaté des défauts qui empêchent une exploitation normale du site. Les emménagements des collections initialement prévues pour cet espace ont donc dû être stoppés.
Aujourd’hui, un rapport d'expertise est désormais finalisé et les négociations vont pouvoir être engagées avec toutes les parties prenantes du dossier, notamment autour des réparations pour dommages subis.
Entretemps, la Ville a pris toutes les mesures nécessaires pour que les collections continuent à être conservées dans des conditions adéquates, respectant ainsi sa politique de gestion et de valorisation rigoureuse, éthique et novatrice.
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Soit 891 tCO2e, ce qui correspond aux émissions totales liées aux activités du MEG pour l’année 2022. Le bilan carbone effectué par l’institution montre que ses émissions équivalent à celles de 70 Genevois-es sur 1 année.
Grâce à cette analyse, le MEG sait désormais que le poste d’émission «Déplacements» compte à lui seul pour 59.1% des émissions de GES – dont 55% représentent les déplacements des 100’000 visiteurs du musée et les clients du Café du MEG. Viennent ensuite les émissions liées à l’«Energie» qui composent 15.4% du bilan carbone avec comme catégorie principale l’électricité (équivalent de la consommation électrique annuelle de 289 ménages); puis les «Achats et Alimentation» (11.4%) dont la moitié correspond à la nourriture achetée pour le Café du MEG, et les « Immobilisations» (11.0%) représentées par les bâtiments.
A partir de ce bilan, le MEG va pouvoir définir des orientations stratégiques pour réduire son empreinte carbone à court et moyen terme. Il vise en effet à réduire les GES de 85% d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2050.
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La Feuille de route |
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Développer la participation culturelle |
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Toutes les facettes des opéras
Une fois par nouveau spectacle, le Grand Théâtre propose un atelier de pratique artistique en lien avec la thématique de l'opéra ou du ballet concerné. Cette invitation à mettre en voix, en scène, en mots ou en images, avec des professionnels, permet de découvrir une des facettes de cet art total qu'est l'opéra. Samedi 17 février, place a été faite au chant et à l'œuvre Idomenée, en compagnie de la soprano Mariana Silva, du chef d’orchestre et claveciniste Adrià Gracià Gàlvez et du violoniste Pablo Manuel Agudo López. De quoi découvrir les secrets des instruments baroques, de la voix lyrique… et de chanter!
Dix ans déjà…
Durant cette année 2024, le MEG célèbre une décennie de culture dans son nouveau bâtiment. Pour cela, le MEG a choisi d’offrir l’accès gratuit à toutes ses expositions, tout au long de l’année. Cette mesure accompagne un programme alléchant.
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L'ordre des choses, carte blanche à
Wim Delvoye
Quel est notre rapport aux choses, aux objets qui nous entourent, aux simples artefacts ou aux chefs-d'œuvre de l'histoire de l'art? Telle est la question qui a animé l’artiste belge Wim Delvoye tout au long de ses réflexions avant de proposer, aujourd’hui, sous le titre de L’ordre des choses, la 4e Carte Blanche XL du Musée d’art et d’histoire. Une belle palette de rencontres et d’activités accompagne cette expérience artistique et esthétique inédite. Ouverte depuis le 26 janvier, L’ordre des choses est à découvrir jusqu’au 16 juin.
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L’annuel salon genevois d’art contemporain à Palexpo
Du 25 au 28 janvier, Artgenève a pris ses quartiers à Palexpo pour la 12e fois. Près de 80 galeries d’art moderne et contemporain, de nouvelles initiatives comme «artgeneve/sur-mesure», dédiée à des œuvres de grande échelle, des nocturnes au MAMCO ont permis, une fois de plus, de mettre en avant la vitalité de ce domaine artistique. Etaient présents également des institutions de la Ville, comme le Musée d’art et d’histoire (MAH) qui a proposé, le vendredi 26 janvier, une discussion passionnante entre l’artiste Wim Delvoye et le directeur du MAH, Marc-Olivier Wahler. De son côté, le Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève (FMAC) présentait, comme chaque année, ses dernières acquisitions, notamment un grand nombre de vidéos. Avec un accent mis sur la création à Genève et les artistes qui y sont ou y restent actifs. |
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Soutenir la création culturelle dans sa diversité |
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Antigel, toujours amoureux de Genève
Du 1er au 24 février, le festival Antigel a déclaré sa flamme à Genève. Pour cette 14e édition du festival un voyage de trois semaines entre styles et disciplines, parmi 40 lieux disséminés dans les communes genevoises, et autant d’ambiances a passionné un public toujours aussi nombreux. Avec ses coups de cœur musicaux, ses spectacles ingénieux, ses nouveaux lieux inexplorés et son programme antirouille, Antigel a tenu toutes ses promesses!
L'art dans la ville, l’art aux Vernets
Pour la nouvelle école primaire des Vernets, le FMAC a organisé un concours artistique sur invitation. C’est Lauren Huret qui ont remporté les suffrages du jury, avec ses schémas-biscuits du monde. L’artiste réalise en effet depuis plusieurs années une recherche iconographique autour de schémas «explicatifs du fonctionnement des choses de ce monde, particulièrement les mouvements naturels et les flux d’énergies». Revisités, redessinés par ses soins et annotés de mentions poétiques, les schémas seront mis en relation et transcrits sur des panneaux dans une technique artisanale d’acier émaillé. Ils s’inscriront dans et autour du bâtiment des architectes Liechti Graf Zumsteg qui sera mis en service en 2026.
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Aux frontières de l’invisible
A Cosmic Movie Camera, la 18e édition de la Biennale de l'Image en Mouvement accueille 15 artistes qui ont réfléchi aux frontières de l'invisible, à l'heure des algorithmes et de l'intelligence artificielle. Si l’exposition est à voir au Centre d’Art Contemporain Genève jusqu’au 16 mai, elle vivra bien plus longtemps en ligne grâce à un «monde-en-tant-qu’exposition» virtuel conçu par EPOCH, modélisant le passé, le présent et les futurs possibles de la ville de Genève. Par ailleurs, la BIM a donné carte blanche au FMAC pour mettre en valeur leur histoire commune liée au Centre pour l’Image Contemporain (CIC) et les missions respectives qui leur ont été confiées à la fermeture de l’établissement 2009. Les membres de l’équipe de conservation du FMAC proposent donc d’y découvrir les fruits de cet héritage culturel à travers une présentation de leur VideoDatabase et d’une sélection d’œuvres vidéo.
Black Movie
Du 20 au 29 janvier, les 25 ans du Festival Black Movie ont été célébrés par un festin cinématographique singulier et savoureux. Avec ses 105 films provenant de 44 pays, avec de merveilleux cinéastes, une masterclass, des tables rondes et des Nuits blanches, le menu était copieux. Les plus jeunes étaient également invités, à travers 40 films et un week-end riche en animations, projections et mignardises. Un bien bel anniversaire!
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GO GO GO et les arts vivants
Trois jours de fêtes, les 11, 12 et 13 janvier, pour découvrir le meilleur de la scène indépendante contemporaine: telle était la proposition du Théâtre du Grütli marquant le début de sa saison 2024. Le marathon GO GO GO a mêlé théâtre, danse, performances et installations diverses pour une belle mise en avant des arts vivants! La Musicale de la Bibliothèque de Genève, également logée dans la Maison des arts du Grütli, s’est jointe à la fête avec une lecture performée de Fabienne Radi et de Maria Guta. |
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Mobiliser la culture pour répondre aux défis climatiques et sociétaux, inviter au débat |
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Réfléchir et agir dès le plus jeune âge
Plusieurs fois par année, le Musée d’ethnographie invite public et expert-e-s à réfléchir et à agir sur l’urgence climatique lors d’une journée spéciale. Le 4 février, les tout- petit-e-s dès 2 ans étaient invité-e-s à se pencher sur la cruciale question de l’eau. Avec des propositions comme de partir à la rencontre du filet fantôme, de participer à des ateliers sur les micros-plastiques ou d’écouter des contes qui prennent soin de l’environnement…
Signons ensemble !
Il n’y a pas d’âge pour apprendre la langue des signes! C’est la raison pour laquelle les Bibliothèques municipales ont invité, le 16 février, l’association Signons-Ensemble pour un moment d’échange pour les tout-petit-e-s, de 0 à 2 ans, avant donc l’acquisition du langage. Une manière de découvrir, autrement, la lecture d’albums et de comptines et de plonger, adultes et bébés, dans le monde de la langue des signes. |
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A la découverte de la culture haïtienne
Le 10 février dernier, en plein carnaval, le MEG a projeté Kanaval, un film réalisé par Leah Gordon autour de la préparation du carnaval de Jacmel et axé sur la longue histoire coloniale de l’esclavage en Haïti. Le MEG, Timoun d'Ayiti Fondasyon et la Croix-Rouge genevoise ont profité de cette occasion pour présenter également des spécialités culinaires haïtiennes. La fondation suisse-haïtienne Timoun d'Ayiti Fondasyon a également mis en valeur ses activités de soutien à la jeunesse haïtienne dans les domaines de l'éducation, de la culture et de la protection de la nature, alors que le Centre d'intégration culturelle de la Croix-Rouge genevoise promouvait les publications de sa bibliothèque en créole et d'autres langues du monde. Une belle ouverture au monde et à l’autre! |
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Inscrire la Ville dans une transition numérique responsable, créative et inclusive |
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La VideoDatabase: toute la collection vidéo de la Ville de Genève numérisée
Pour faciliter l’accès aux plus de 1100 œuvres audiovisuelles de sa collection, le Fonds municipal d’art contemporain (FMAC) a inauguré une plateforme numérique, la VideoDatabase. Celle-ci permet de naviguer parmi les époques et les différents univers d’artistes. Toute la collection vidéo du FMAC, qui figure parmi les plus importantes d’Europe, se retrouve ainsi en une seule plateforme de consultation.
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Que tombe le tsar! Une histoire des révolutionnaires russes en Suisse
La Bibliothèque de Genève a organisé, le 23 janvier, une séance d’écoute participative et une table ronde d’un original podcast qui relate une histoire méconnue. Réalisée par Chahut média, la série documentaire podcast Que tombe le tsar: une histoire des révolutionnaires en Suisse, revient sur l’histoire de la diaspora d’étudiantes issues de l’Empire russe qui sont massivement venues intégrer les rangs des universités suisses, de Zurich (1868), puis de Genève (1872) avant, pour certaines d’entre elles, de se politiser. |
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Genève par Rebecca Bowring
La photographe Rebecca Bowring a réalisé l'enquête photographique en 2023. En lien avec le thème «Les résistances», elle a cherché à révéler les moments intimes où les vulnérabilités se transforment en luttes. A découvrir en ligne. |
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Les dernières décisions |
Le Conseil administratif |
Un don exceptionnel pour la Bibliothèque de Genève
Jean-Daniel Candaux, longtemps chargé de recherche à la BGE, humaniste, collectionneur passionné et grand spécialiste de l’édition, a fait don d’une collection prestigieuse d’autographes originaux à la Ville de Genève. La liste de personnalités genevoises et européennes représentées dans les documents témoigne du caractère exceptionnel de ce don: de d’Alembert à Voltaire, de Tronchin à Dunant, de Mme de Staël à Condorcet, c’est toute l’Europe qui s’invite à la Bibliothèque de Genève et qui en renforce la notoriété en tant que centre de référence patrimonial.
Eric Drouet, membre correspondant du Muséum d’histoire naturelle de Genève
Le 8 février, le Conseil administratif a nommé Eric Drouet au titre de membre correspondant du Muséum d’histoire naturelle de Genève. Eric Drouet est reconnu comme expert européen des papillons Zygaenidae. Né à Angers en 1951, il est titulaire depuis 1972 d’un diplôme en gestion des entreprises et administrations de l’Université de Nantes et demeure à Gap en France. Naturaliste et amateur de papillons depuis sa quinzième année, M. Drouet est membre de plusieurs associations françaises et internationales consacrées à l’étude des lépidoptères.
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Le Conseil municipal |
Renouvellement informatique aux BM
Lors de la session des 16 et 17 janvier 2024, le Conseil municipal a accepté la proposition du Conseil administratif du 31 mai 2023: un crédit de 1'170'000 francs es alloué aux bibliothèques municipales pour renouveler le système informatisé de gestion de bibliothèque (PR-1573). |
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