Bulletin de politique culturelle

Mai 2022 – Département de la culture et de la transition numérique

La pandémie a fait bouger les lignes

Au plus fort de la pandémie, quand physiquement tout s’est arrêté, que les lieux ont fermé et que les rencontres ont été limitées au minimum, la créativité et l’intelligence collective ont été mises à profit pour chercher des parades à cette situation. Aussi bien du côté des milieux culturels que du côté des administrations qui les soutiennent, les idées et les énergies ont été mobilisées pour tenter tant bien que mal de permettre aux artistes de conserver un contact avec les publics et une source de rémunération, et, pour les publics, de bénéficier de l’apport et de l’ouverture que procurent l’accès à la culture.
En ville de Genève, des mesures financières ont rapidement été prises. Puis, dans un second temps, en mars 2021, son Conseil municipal a voté à la quasi-unanimité un crédit budgétaire supplémentaire de 3,9 millions de francs devant permettre le financement d’un plan de soutien en 3 volets (PR 1447).
Aujourd’hui, un bilan sous forme de retour d’expérience a été effectué par le Département de la culture et de la transition numérique, qui met en avant le nombre important de projets qui ont ainsi pu voir le jour. A titre d’exemple, résidences d’artistes, projet d’art dans l’espace public I LOVE #ArtisteDici, développement d’une offre numérique, diffusion de projets artistiques grâce à des partenariats avec les médias ou encore aide financière à des faîtières ont offert une bouffée d’air frais à ces milieux directement impactés par la pandémie, mais aussi à la population genevoise confinée.
Ce bilan est également une base qui nous permet de tirer des enseignements de cette dure période et de réfléchir au futur. Il nous aide à pointer les thématiques qui doivent urgemment être prises en compte et développées, soit l’amélioration des statuts et des rémunérations des artistes, une meilleure prise en compte du travail de recherche et le développement de nouveaux outils numériques.
Durant les mois qui viennent, les équipes du DCTN vont poursuivre leur collaboration avec les acteurs et actrices de la culture afin de pouvoir répondre au mieux à ces enjeux.
Notre société est ressortie affaiblie de ces deux années de pandémie. Mais elle y a également gagné une force. Celle qui lui a permis d’évoluer, de faire bouger les lignes des habitudes. Les milieux culturels, particulièrement touchés, n’ont pas failli à leur tâche. Ils ont continué à nous bousculer et à nous faire rêver. A nous tous et toutes, à l’avenir, de poursuivre sur cette voie!

Sami Kanaan
Conseiller administratif

Dossier

Décarbonons la culture!

Les rapports sur l’état de notre planète se succèdent, qui tous disent la même chose: il faut agir, le temps est compté! Les milieux culturels s’investissent donc, par-delà la frontière. Le 12 mai dernier, dans le cadre du OFF des Assises Européennes de la Transition Ecologique, organisé par le Grand Genève en Transition, la Comédie de Genève a accueilli la conférence «Décarbonons la culture» pour débattre de comment décarboner la culture et la rendre résiliente aux chocs énergétiques et climatiques à venir. Fanny Valembois, co-autrice du rapport publié en novembre 2021 par le Shift Project sur cette question, a présenté une synthèse de ce travail et animé un temps d’échange autour des préconisations du Shift Project, devant un parterre de personnes hautement concernées.
Pendant ce temps, sur le terrain, des actions sont menées pour informer mais aussi pour réaliser des projets en adéquation avec le changement de paradigme nécessaire. La nouvelle exposition temporaire des Conservatoire et Jardin botaniques, #PlanèteVerte – missions botaniques, en est un bel exemple à découvrir jusqu’au 16 octobre.

C’est le nombre de pass vendus lors de la 8e Nuit des Musées qui s’est tenue samedi 21 mai. Avec la participation de 25 institutions, la Nuit des musées a proposé, le temps d'une nocturne, de prendre part à de nombreuses activités sur le thème de la transformation. Un thème d'actualité puisque le monde est en pleine mutation, technologique et sociétale. Les musées, les lieux patrimoniaux et la création contemporaine aident à en prendre conscience, à appréhender ces changements. Nombreux et familial, le public a permis aux musées et à Genève de faire la fête!

La Feuille de route

Développer la participation culturelle

En mai, tous les arts étaient en fête!

Durant le mois de mai se sont succédé des événements et des manifestations dans des lieux fermés ou dans l’espace public, qui ont suscité l'engouement des publics.
. Du 19 au 29 mai, le Mapping Festival a donné vie à un rêve éveillé grâce à 47 artistes talentueux-euses. Lors de l’Acte I, le festival a investi le Musée d’art et d’histoire, les Bains des Pâquis ainsi que L’Abri, entre installation laser immersive, voyage en réalité virtuelle, rituels audiovisuels et performances sonores. Pour l'Acte II, c’est à la KZERN, ancienne caserne militaire des Vernets, que l’on a pu admirer des projections à 360° au cœur d’un dôme de 12 mètres de diamètre. Quand la technologie donne des ailes à la création!

. Du 18 au 22 mai, le Salon du livre en ville a invité le public à déambuler dans les lieux emblématiques de la cité ainsi que dans les librairies, à la rencontre d’une centaine d’auteur-e-s de fiction, de jeunesse, de littérature africaine ou de bande dessinée. Nancy Huston, Nicolas Mathieu, David Foenkinos, Elisa Shua Dusapin, Felwine Sarr, ou la Genevoise Aude Seigne ont abordé la liberté sous toutes ses formes. Au centre des écrits, l’actualité, l’histoire et le rêve.

. La Fête de la Nature existe pour nous rappeler que la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité commencent par la découverte de la richesse qui se trouve autour de nous. Du 18 au 21 mai, parmi un programme riche de plus de 300 activités développées en Romandie, le Muséum de Genève a par exemple proposé des jeux, des ateliers et des animations autour des oiseaux, des petites bêtes du sol, des abeilles, des chauves-souris ou des libellules qui côtoient notre quotidien. Un premier pas pour apprendre à préserver la nature.

. Du 10 au 15 mai, dans la rue ou dans les parcs, dans les salles de spectacle ou dans les musées, la Fête de la danse a déployé ses ailes durant six jours dans le canton de Genève. La danse comme exutoire ou comme manifeste, comme possibilité de rencontre ou comme geste artistique a secoué notre ville.

. Avec notamment une exposition au Commun autour du thème de l’amour au temps du numérique, Electron, la manifestation phare de l’électronique en Romandie, a une fois de plus montré l’importance de la création numérique. Du 28 avril au 12 mai, la première partie du festival était complétée d’une performance de l’Aether Dance Company, de la projection du film Sakawa de Ben Asamoah, du concert de la nouvelle sensation électro-pop Crystal Murray ainsi que d’une nuit de fête à la Kzern (ancienne caserne des Vernets). Vivement la deuxième partie prévue durant le week-end de la Fête de la musique, du 24 au 26 juin!

Soutenir la création culturelle dans sa diversité

«Les 6 toits» prennent leur envol

Le Conservatoire populaire de musique, danse et théâtre, l’Ensemble Contrechamps, Eklekto et L’Orchestre de Chambre de Genève ont inauguré officiellement, le 12 mai, «Les 6 toits», un nouveau laboratoire des arts vivants au cœur de la zone industrielle des Charmilles (ZIC). Deux jours plus tard, «Les 6 toits» ont ouvert leurs portes au grand public pour une journée de concerts et d’activités artistiques. Ainsi, le quartier des Charmilles, après l’installation de la HEAD et celle de divers ateliers, complète sa mutation en un important pôle de création et de manufactures.

Quand le musée est créateur d’imaginaires

Le Musée Ariana aime travailler avec les jeunes, développer avec eux des actions qui leur sont spécifiquement consacrées. Pour le projet «Faune & Flore», c’est une démarche de co-construction avec et pour les étudiant-e-s d’une classe de 1er année de la Haute Ecole d’art et de design en section illustration qui a été choisie. De ce projet de création collective est né un magnifique leporello.

Mobiliser la culture pour répondre aux défis climatiques et sociétaux, inviter au débat

Exposer le passé, bien sûr mais…

Comment les avancées historiographiques dans des domaines tels que l’histoire de l’immigration, l’histoire environnementale, celles du genre ou du colonialisme sont-elles prises en compte par les institutions muséales? Celles-ci doivent-elles s’inscrire dans les institutions existantes? Ou faut-il envisager d'en créer une nouvelle? Ce thème essentiel et passionnant a fait l’objet d’une journée d’étude, soutenue par le service Agenda 21 – Ville durable de la Ville de Genève, le 20 mai, au Théâtre Saint-Gervais. Gens de musées et historien-ne-s ont répondu à l’invitation du Collègue du travail, des Archives contestataires, de l’Atelier interdisciplinaire de recherche et de Rosa Brux pour partager leurs savoirs et leurs connaissances sur ce sujet.

L’engagement du MEG envers le patrimoine spolié du Royaume de Bénin

Le MEG s’engage depuis de nombreuses années à documenter et publier la provenance de ses collections. Dans ce cadre, il participe à un grand projet national «Initiative Bénin – recherche et dialogue entre le Nigéria et la Suisse», qui vise à déterminer quels objets originaires de Bénin ont été saisis lors de l’«expédition punitive» britannique de 1897 et quelles étapes dans le marché de l’art les a conduits en Suisse. Une réflexion qui a pris la forme d’un spectacle intitulé Le Miroir d’Iyagbon présenté les 10 et 11 mai, permettant d’ancrer la création contemporaine au cœur des collections africaines du MEG, pour signifier leur présence ici, leur absence ailleurs et leur désincarnation.

Inscrire la Ville dans une transition numérique responsable, créative et inclusive

Les podcast «tout contre la terre» du Muséum

Engagé dans la lutte pour la préservation de notre environnement, le Muséum d’histoire naturelle développe différents médias afin d’interpeller le public. A l’occasion de son exposition Tout contre la Terre, Chahut Média a réalisé une série podcast en six épisodes qui examine le rôle déterminant de nos émotions dans et face à la crise climatique. Au micro: les chercheurs et chercheuses du Centre Interfacultaire en Sciences Affectives (CISA-UNIGE).

Mais quelle est donc cette fleur?

La plupart, on ne les connaît pas. Et comme on a souvent tendance à mieux protéger ce que l’on connaît, les Conservatoire et Jardin botaniques de Genève, avec Info Flora et les Editions Haupt, ont créé l'application Flora Helvetica contenant des photographies et des fiches descriptives de plus de 3000 espèces de fleurs rencontrées en Suisse. A utiliser au cœur même du jardin!

Les dernières décisions

Le Conseil administratif

Pour rénover et agrandir la BGE

Des travaux urgents sont nécessaires pour la sauvegarde du patrimoine de la Bibliothèque de Genève (BGE). Avec l’accroissement constant des collections, les conditions de conservation des documents (quelque 1.5 million) ne sont désormais plus adaptées. En dépit des dépôts extérieurs aux Bastions, les espaces disponibles arrivent à saturation et doivent être agrandis, sécurisés et modernisés pour ne pas mettre en péril le cœur de la mission de l’institution. Par ailleurs, il faut désormais également restaurer et remettre en valeur le bâtiment historique qui a été fortement modifié avec l'adjonction de niveaux intermédiaires. Des travaux de rénovation et d’extension de la BGE sont donc nécessaires. C’est pourquoi le Conseil administratif a proposé au Conseil municipal l'ouverture d’un crédit d’étude d’un montant de 10'987’300 francs.

Le Conseil municipal

Lors de sa session des 17, 18 et 23 mai, le Conseil municipal a:
. approuvé le budget 2022-2023 de la Fondation du Grand Théâtre de Genève. Il a approuvé le rapport de la commission des arts et de la culture chargée d'examiner la proposition du Conseil administratif du 1er septembre 2021 en vue de l'approbation du budget 2022-2023 du Grand Théâtre de Genève (PR 1479);

. renvoyé en commission la proposition du Conseil administratif du 4 mai 2022 en vue de l'ouverture de trois crédits, pour un montant total de 2'800'000 francs, afin de financer la transformation numérique de la Ville de Genève (PR 1516);

. refusé la motion M 1373 telle qu’amendée en Commission des arts et de la culture, soit la motion du 3 octobre 2018 «Trésors et patrimoine horloger cachés à Genève: remettons les pendules à l’heure»;

. adopté la motion M 1336 telle qu’amendée par la Commission de la sécurité, du domaine public, de l’information et intitulée: «Les œuvres d’art protégées par le droit fédéral ne sont pas des panneaux d’affichage publicitaire»;

. adopté la motion M 1312 en version amendée par la Commission des finances puis en séance plénière, chargée d'examiner la motion «Pour une presse locale forte et indépendante».